Sélectionné en compétition à la Semaine de la Critique. Le réalisateur Simon Rieth et sa productrice Inès Daïen-Dasi reviennent sur la genèse du projet.
“C’était un peu intense, ça chamboule”, admet Simon Rieth au lendemain de la présentation de son premier long métrage, Nos Cérémonies, à la Semaine de la Critique. Seul film français présent en compétition, il explore la relation fusionnelle de deux frères, Tony et Noé, qui partagent un lourd secret.
A la sortie de l’adolescence, ils reviennent à Royan, lieu de leur enfance, suite au décès de leur père. Ils y retrouvent Cassandre, leur amour de jeunesse.
Comme pour les courts métrages qu’il a réalisés précédemment, Simon Rieth, 26 ans, s’est inspiré de sa propre vie. “Je n’arrive pas à écrire sur les lieux que je ne connais pas. Royan, c’est l’endroit où je passais toutes mes vacances avec mon frère”, raconte-t-il. “Tous les lieux où se déroule le film sont chargés de mes souvenirs.”
Simon Rieth et sa productrice Inès Daïen Dasi des Films du Poisson ont d’ailleurs voulu s’assurer que le film pouvait être tourné sur place, en allant voir la région Nouvelle-Aquitaine et le département de Charente-Maritime avant les autres financeurs. “On a reçu le soutien de la région dès l’écriture”, précise Inès Daïen Dasi. “C’est la première aide qu’on a tenté car c’était déterminant pour faire le film. Simon ne voulait pas tourner ailleurs.” Le film a également reçu le soutien de la région Pays de la Loire pour quelques séquences marquantes qui demandaient des décors spécifiques.
Film estival à l’esthétique très soignée
Nos Cérémonies révèle plusieurs comédiens non professionnels dont c’est le premier rôle, dont Raymond et Simon Baur, les deux héros, trouvés sur Instagram. “On a fait un an et demi de casting, vu plus de 800 jeunes”, indique Simon Rieth. “C’est ce que j’aime : rencontrer des jeunes, adapter le scénario pour eux, retravailler les dialogues pendant les répétitions. C’est ça qui me motive.”
Film estival, avec un travail de mise en valeur de la lumière naturelle et une mise en scène très chorégraphiée, Nos Cérémonies est le résultat d’un travail visuel mené en amont, dès l’écriture. “J’ai d’abord mes idées de plan, je travaille longtemps sur un découpage très millimétré", explique Simon Rieth. “Puis je repasse ensuite dessus avec la cheffe opératrice [Marine Atlan]. Après on va sur les décors avec des doublures pour prendre des photos de tous les plans du film. On a beaucoup parlé de Claire Denis ensemble pour tout le travail qu’elle fait sur les corps, les paysages. C’était un truc qui nous avait marqué et une belle référence pour nous.” Parmi ses références, le réalisateur cite aussi Bruno Dumont, Abdellatif Kechiche, Gus Van Sant, Gregg Araki ou Larry Clark. Un film qui ne rentre dans aucune case
Entre coming of age et film fantastique, Nos Cérémonies ne rentre dans aucune case, ce que revendique Simon Rieth. “Le genre arrive dans ce que j’écris sans que je me dise ‘je vais faire un film de genre’”. Un positionnement hybride qui est cependant difficile à faire passer auprès des comités de sélection. "Ça a été le vrai défi du film de faire comprendre qu’on peut penser le cinéma autrement sans mettre des étiquettes et sans enfermer”, se souvient Inès Daïen Dasi, dont c’est le premier long métrage en tant que productrice. “Ce n’est pas juste un film de genre, il y a aussi un côté documentaire sur la jeunesse, un côté tragédie, ça mélange tellement de choses.”
Le scénario a très vite tapé dans l'œil du distributeur, The Jokers, qui co-produit également le film sous la bannière Spade. “Je voyais le profil de films défendus par Manuel Chiche [le président] et je voyais qu’il était très curieux des jeunes talents, et qu’il faisait beaucoup de premiers films”, affirme Inès Daïen Dasi. “Je lui ai envoyé le projet pendant le confinement et il m'a appelé deux jours après. C’est très rare ! C’était assez génial de voir un tel enthousiasme, surtout pendant cette période compliquée pour les distributeurs.”
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